1109_StefanNeugebauerIl y a quelques jours, la hache de guerre était déterrée entre la Deutsch Bahn et la SNCF. Cette bataille se fait sur les rails, sur fond d’utilisation du réseau allemand par la SNCF et de protectionnisme exacerbé. Bon, pour tout dire, laissons les dirigeants se battre sur les termes et le juridique. Et si l’empoigne n’avait pas lieu dans les bureaux mais dans les wagons? Et si le wagon était au centre de la rame et était le wagon restaurant? A ma gauche, en robe grise et bleue, annoncé pour une vitesse commerciale de 320km/h, le francophone TGV. A ma droite, en habit neige et sang, annoncé pour une vitesse commerciale de 330km/h, l’ICE. Motrices à vos rails, prêtes? Mangez!

Pendant longtemps, la SNCF avait le privilège de donner son nom à tout aliment à base de 2 tranches de pain peu goûtues et une tranche de jambon : le fameux sandwich SNCF cher et pas bon. Abus de monopole ou erreur stratégique, reste que le premier concurrent de la Compagnie des Wagons-Lits fut l’italien Cremonini qui dynamisa le marché avec une carte plus variée, de meilleure qualité, et moins chère! D’abord sur les idTGV, la marque s’imposa ensuite sur les TGV classiques en remplacement de la CWL. Les conditions de ce remplacement ne sont pas toujours bien claires, ni appréciées, mais aura eu l’intérêt d’améliorer la restauration à bord des trains. De quoi remuer pour l’avenir ceux qui se faisaient du gras en se croyant bien implantés!

Mais la concurrence ne s’arrête pas là puisque le marché du rail va s’ouvrir à l’étranger, et un des principaux acteurs est la Deutsch Bahn. Railler la nourriture allemande à bord d’un train semblerait normal, mais ce serait une (nouvelle?) erreur! Le service y est de qualité, avec même des aspects « vieille France », tel qu’un servi café dans des tasses de grand-mère. Mais surtout on peut trouver à bord un restaurant, un vrai!

1109_DeutschbahnSNCFLe wagon restaurant comprend en effet une section séparée pour diner. Belles assiettes, vrais couverts, et service à table. Mais surtout, on accède ici à une carte offrant des plats inédits à bord d’un train! Ils peuvent se montrer classiques avec des raviolis farcis à la tomate et à la mozzarella, un chili con carne, des salades… mais il y a aussi des recettes supérieures. A mon dernier passage en Septembre, on pouvait ainsi commander des plats bio conçus par un chef étoilé allemand (Stefan Neugebauer) comme une crème de pommes de terre vigneronne au lard, raisins et à la choucroute, une potée de pois à la menthe et au jambon cuit au genièvre, un boeuf braisé aux haricots plats avec purée et pomme de terre et d’oignons, et pour ma part ce fut un blanc de poulet lardé de champignons avec pomme de terre au chou rave et jus à la lavande! Je n’ai malheureusement pas pris de photo, mais la présentation était digne d’un établissement traditionnel, le tout avec un vrai plaisir de dégustation. Et encore, je n’ai pas commandé  mon petit verre de Riesling avec cela! Le tout à un coût, puisque le plat était à 14,90€, et les menus vont de 17,90€ à 24,90€. Mais quand le voyage dure plus de 4h, bien manger avec la vue du paysage qui défile donne un certain plaisir.

Si la bataille du rail devait se faire sur le plan culinaire, le train du pays du bien manger pourrait immédiatement changer d’aiguillage et laisser la place à son confrère germanique. Je fais un peu mon vieux-jeu, mais même à bord d’un train garder le côté « patrimoine gastronomique francophone » devrait participer à l’image de marque du TGV. Il n’en est rien, et il sera intéressant de voir si cela va changer avec la concurrence. A choisir (et encore, sans aborder le train lui même!), c’est avec une bonne dose d’ICE que je prendrai un verre à bord demain!

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ICE DB
envoyé par frontier350