supermarketDimanche, 11h, passage en caisse au Monoprix. Une petite goutte de sueur perle sur mon front. Non, ce n’est pas l’annonce du montant du ticket qui me fait peur. Je sais qu’un terrible rituel, une vraie compétition va commencer : la course au rangement des courses.

Bien qu’il n’y ait exceptionnellement encore personne après moi, le chronomètre est lancé immédiatement après le « bonjour » de rigueur. Avant même d’avoir ouvert un sac, les achats sont déjà en train de s’accumuler au rythme des « bip » de la caisse enregistreuse. Il faut alors garde son sang-froid. Un sac plastique qui résiste à s’ouvrir, et c’est des articles en plus qui s’ajoutent à la petite montagne de biens de consommation grandissant à vue d’œil. Pire, je vois une personne arriver et commencer à poser ses affaires sur le tapis.

Il faut être bien rodé. Alors que la somme à payer s’affiche, je continue à ranger des affaires tout en dégainant sans trop de précipitation la CB. Si tout va bien, je vais être synchro entre la fin du rangement et la validation du paiement. Malheureusement, celui-ci passe rapidement et le shampoing a du mal à trouver sa place dans le sac. A cet instant, les articles du client suivant arrivent déjà pour télescoper les miens.

Auchan, Carrefour, Monoprix, Leclerc : STOP ! Qui un jour a introduit cette idée folle qu’il fallait enchainer avec un rythme soutenu les clients? Qui y gagne? Pas le premier client qui a la pression et se sent éjecté dès son paiement validé, pas le client suivant qui ne peut commencer à ranger, et surement pas la personne en caisse devenue un passe-plat servant de tampon entre les deux clients. Un gain de temps? Il n’y en a aucun, il y a juste un surplus de stress faisant de cet instant déjà peu palpitant un moment d’énervement. Au moins, il y a quelques années, on trouvait une barre en bois permettant de bien séparer les achats de deux clients. Les génies qui ont modernisé les caisses en croyant gagner du temps devraient bien retourner à leurs études et réintégrer ce système.

De temps en temps, on tombe sur un magasin plus modeste où le commerçant dira simplement « prenez votre temps », et où l’on échangera un sourire avec le client suivant compréhensif. Ça change la vie, et la tache en devient plus agréable. A tout miser sur des prix (pseudo) bas, les enseignes de la grande distribution ont fini par oublier que le bien vivre des clients et des agents de caisse avait une certaine importance.

Avant on pouvait lire sur un autocollant caché dans le tiroir caisse des Auchan « un sourire un bonjour le client sera de retour ». Aujourd’hui, il faudrait travailler pour que le sourire soit de retour sur le visage des clients.

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